Billet d'humeur : manifs Bac

Billet d'humeur : manifs Bac

Il y a un certain nombre de courtes années, j'étais au lycée, en Terminale. Nous étions un petit groupe de copains et de copines, qui parvenions à nous en tirer pas trop mal, les uns au prix d'un dur labeur (moi), les autres beaucoup plus aisément. Tous nous avions en tête, pratiquement à chaque instant, l'échéance qui nous attendait en fin d'année, le Bac. à chaque fois que nous recevions une note passable, on se disait, dans un long soupir fastidieux, « Ah si seulement j'avais la même au Bac ». Car il y avait quelque chose que nous avions bien présent à l'esprit en effet, c'est que toutes les bonnes notes de l'année ne pourraient rien pour nous le jour J, celui où l'on se retrouverait seul face à notre destin, matérialisé par une copie blanche et un énoncé de problème, le jour du Bac. Nous tous qui nous inquiétions toute l'année de cette inévitable échéance, imaginer un instant que nos pas mauvaises notes de l'année auraient pu être prises en compte, d'une façon ou d'une autre, en complément de cet examen sans appel, relevait du rêve, du délire béat, de l'escalade dans l'imaginaire le plus fou… et déplacé. Il faut dire que 3 ans plus tôt, en classe de 3ème, nous avions fait partie des indécents privilégiés pour qui le Brevet des Collèges (BEPC à l'époque) était accordé intégralement au contrôle continu. Toute notre petite bande avait reçu ce diplôme sans jamais passer aucun examen, au seul vu de nos résultats de l'année, et si jeunes que nous étions, nous avions cependant conscience de la chance inouïe qui nous avait touchée là, car cette disposition ministérielle n'avait duré que 2 ou 3 ans, et nous étions dedans ! Sans pousser le délire d'espoir jusque là, juste une petite fraction de nos bonnes (ou moyennes) notes de Terminale, ça n'aurait rien gâché du Bac, ça l'aurait rendu un peu plus juste, un peu plus logique, bref un peu moins injuste en cas de « panne », en cas de blocage, en cas d'énoncé qui tue, pile celui qu'on redoute, le seul qu'il ne fallait pas qu'il « tombe ».
20 ans plus tard, un soir ordinaire chez moi… J'entends vaguement le bruit de fond de la radio plutôt que je ne l'écoute… Soudain mon attention est éveillée par un doute. Bon sang, qu'est-ce que je viens d'entendre, là ? (entre temps, ils ont déjà zappé sur le CAC 40). Je me repasse la bande son en mémoire autant que je peux, et parviens alors tant bien que mal à reconstituer l'incroyable phrase suivante. Le ministère aurait proposé de prendre en compte le « contrôle continu » dans la note du Bac. Non c'est trop fort, je n'ose y croire. Notre rêve d'il y a 20 ans à l'état natif… non vraiment, j'ai dû rêver… Je redouble d'effort, et tente de mieux me souvenir. Alors il me revient d'autres éléments en tête. Une manifestation des lycéens ? C'est qu'ils doivent jubiler, ça devait être un feu d'artifice sur le Champs de Mars, un concert géant au bénéfice de l'éducation Nationale, un Fest-Noz public scellant la Victoire dans le marbre, le Triomphe du bon sens et de la justice, le Couronnement de l'effort rétribué. Les aléas du Bac enfin un tant soit peu aplanis par une mesure gouvernementale, ça mérite ça, et même bien plus. Pourtant, soit je suis déjà sénile, 20 ans après le Bac ça serait un peu dommage, soit il me semble à la réflexion que la manif était contre cette mesure ministérielle. Le temps que je médite déjà sur ma perte d'audition, mon Alzheimer latent ou ma schizophrénie évolutive, pourtant, le couperet tombe, car l'info revient sur les ondes, et dresse mes oreilles dès le premier mot : oui, cette mesure a bien été proposée, et oui, les lycéens ont bien manifesté CONTRE.
Là, comment dire… c'est comme si pour l'une des premières fois de ma vie, je me sentais sur une autre planète que la mienne, dans un autre monde, et même dans un autre univers, allez ne lésinons pas. Les vieux, les pauvres vieux, ô combien soudainement je partage leur triste sort. Ils ne comprennent plus rien à rien, ils sont à la remorque de tout, ils ne suivent plus, et pire, ils condamnent inlassablement ce monde qui les dépasse et surtout, les inquiète. Me voilà donc dans le camp des vieux schnocks, ceux qui sont complètement largués, qui n'entravent que couic et se plaignent de tout. Si les lycéens actuels manifestent contre le rêve des lycéens d'il y a 20 ans, je ne suis plus du même monde qu'eux. à regret certes, mais irrévocablement.
Je suis si dégoûtée de cette nouvelle, qui se ressasse maintenant désespérément toutes les demi-heures sur ma radio, m'arrachant les tympans à chaque fois, que par instants je me prends à regretter de n'avoir pas subi la perte d'audition, l'Alzheimer latent ou la schizophrénie évolutive initialement supputés.
La plupart des problèmes quotidiens peuvent être résolus par l'action. L'action est le remède à tout, en vertu de la loi psychologique fondamentale qui a été établie du temps où on faisait encore la psychologie des gens, dans la recherche. Malheureusement, je me retrouve là devant un problème où il n'y a aucune action immédiate à opposer. Tout ce que je peux faire, éventuellement, c'est de lâcher quelques réflexions décousues sur Pasbanal, quelques bouteilles à la mer de l'incompréhension généralisée.
Non, pas seulement. 2 jours plus tard, je vais justement donner une leçon de maths à un lycéen de Terminale S. Je lui demande son avis sur la fameuse mesure du contrôle continu. Voilà ce qu'il me répond : « Eh bien avec cette mesure, au lieu de stresser pendant 2 mois, on stresserait toute l'année ». Ahhhhh ! Je suis scotchée. Celle-là j'y avais pas pensé ! J'avais d'ailleurs pensé à rien d'autre qu'à la mort subite, au raz-de marée continental, à la rupture d'anévrisme foudroyante et à la peste bubonique planétaire, depuis la nouvelle, ce qui me donne une modeste petite excuse.
Allons un peu plus loin cependant.
Nous dans notre groupe de bons petits élèves consciencieux, à l'époque, on était justement stressés toute l'année, et depuis la première heure du jour de la rentrée, par l'idée du Bac en juin. Cet argument tombe donc tout net en poussière pour-nous-jadis.
Il y a alors certaines constantes, dans l'esprit des jeunes en devenir, qui doivent être prises en compte. Comme en sport, en musique, ou dans n'importe quelle activité, les élèves de l'école peuvent être répartis en trois groupes. 1 – les forts-un-point-c'est-tout, 2 – les moyens, 3 – les nuls. Confrontons-les au Bac. Le groupe 1, statistiquement, n'a presque aucun risque d'être recalé au Bac. Le groupe 3, statistiquement toujours, n'a presque aucune chance de l'avoir, même si à mon sens il a plus de chance d'être reçu par surprise qu'un très fort n'en a d'être recalé par surprise aussi. Reste donc le groupe 2, les moyens (dont je faisais partie).
– Groupe 1 : un élève qui survole littéralement le programme ne s'inquiétera absolument pas du Bac lui-même, il ne subit nullement ce « stress » qu'invoquait mon petit protégé. Il s'inquiète en revanche énormément (et uniquement) de sa mention : il vise le TB pour être admis en prépa, et s'il est reçu avec 15,5/20 (un demi point de moins que la mention TB), il pense que toute sa vie est foutue. Ce groupe-là constitue 10% des élèves de terminale S (les 3 premiers sur une classe de 30), donc 3% des élèves du bac général (L, ES, S), soit moins de 2% des élèves de tous les bacs français. Pour ce groupe très réduit, l'adjonction d'une note de contrôle continu ne joue donc de toute façon aucun rôle.
– Groupe 3 : un élève complètement largué, disons à moins de 7 de moyenne, ne s'inquiète pas beaucoup du Bac non plus. Là encore le « stress » de mon élève ne joue pas trop de rôle à mon sens. Il considère plutôt le Bac comme un Jackpot lui laissant justement une ultime occasion de se rattraper : s'il est nul toute l'année, au moins le Bac, totalement indépendant de ses résultats annuels, lui laisse-t-il toute sa chance. Au calcul ça représente environ 2 à 5% du total des candidats au Bac. Pour ce groupe, l'adjonction d'une note de contrôle continu diminue certes l'effet « Jackpot », admettons. Mais la recherche de cet effet doit-elle vraiment être encouragée chez nos 2 à 5% de lycéens concernés ? Que font-ils en Terminale ces braves gens ? Trèèèès vaste débat qu'il n'est pas le lieu d'ouvrir ici… Par ailleurs, quelle est la réalité de cet effet Jackpot ? Même 10% de 5%, ça ne fait que 0.5%. Aucun mesure de l'Education Nationale ne peut concerner mpins de 5 à 10% de tous les élèves.
– reste donc le Groupe 2, soit environ 92% des élèves de France, dont la moyenne en Terminale varie globalement de 8 à 14, donc autour de 11.
étant donné sa prévalence majeure (92% contre 8%), seul le Groupe 2 est « représentatif » du lycéen moyen français, au sens statistique strict employé par exemple pour les sondages (qui définissent « l'opinion publique »), les études épidémiologiques (qui évaluent les risques sanitaires nationaux) ou les votes démocratiques (qui, excusez du peu, élisent nos représentants/dirigeants politiques). Or, contrairement à ce que disait mon élève, ces 92% de lycéens ni nuls ni très forts, juste assez bons pour avoir l'espoir d'être reçus au Bac, et bien eux, ils sont stressés toute l'année par cette échéance, et pas du tout « 2 moins seulement ».
Il ressort de cette petite réflexion statistique aussi facile qu'évidente, que si l'on prenait en compte le contrôle continu au Bac, « l'élève moyen » (Groupe 2) se verrait gratifié d'un 11/20 par défaut, à composer avec ses autres notes obtenues le jour J. Pour sûr ce n'est pas un handicap, si ce n'est certes pas une aide majeure. Pour sûr aussi, c'est en fait un réel petit coup de pouce statistique. Au pire, si on ressert un peu le calcul, l'élève moyen partirait au Bac avec 10/20, la note neutre par excellence, ne procurant ni aide ni désavantage.
Qu'en conclure donc ?
J'ignore tout des motivations actuelles des législateurs, et j'ai été trop découragée par ces nouvelles pour avoir l'entrain de me renseigner sur la question. Cependant, je me souviens avec vivacité du slogan politique d'il y a 10 ou 15 ans « 100% d'une classe d'âge avec le Bac ». Au simple vu de la statistique, il semble évident que cette dernière mesure réactivait cette ancienne préoccupation politique : augmenter artificiellement (= politiquement) le nombre de reçus au Bac, par une formule sociologique longuement et infailliblement calculée de longs mois à l'avance par les cabinets d'experts en statistique sous-traités par l'état.
Presque tous les lycéens souhaitent avoir le Bac en fin d'année. Pour des raisons politiques obscures (à ceux qui comme moi n'ont pas fait l'effort de se pencher sur la question), le gouvernement français souhaite aussi que le maximum de lycéens obtiennent leur Bac à l'issue de leur Terminale. Nous sommes donc là en face d'une des très rares convergences entre l'aspiration populaire et les planifications politiciennes. Pourtant les lycéens sont descendus dans la rue. Faut-il croire que le « conformisme » se soit inversé par apport à nos vertes années ? Manifester est maintenant devenu une habitude, une routine. Les « mouvements sociaux » sont réguliers, autant que les Assemblées Générales des associations ou les Conseils de Classe des écoles, sans aucun autre motif que la date. Un collègue me disait récemment, en se plaignant de la météo « oh et puis là, on va rentrer dans la période des manifestations et des grèves ». Quelle perspicacité ! Manifester, faire grève, c'est aujourd'hui de la pure routine, du pur conformisme, réglé comme une horloge… en attendant un jour d'être carrément réac ?
Maintenant il y a un autre aspect à examiner, c'est le bien fondé du Bac lui-même. Ici, comme dans tout débat à argumenter, faire chauffer ses petits neurones de bonne foi est la meilleure méthode pour n'avancer que des platitudes universelles. Il convient au contraire de comparer la situation avec d'autres données géographiques, historiques ou d'enseignement.
1 – Si je ne me trompe, il y a plusieurs pays d'Europe qui se passent fort bien de ce tranchoir d'accès aux études supérieures (Belgique et Suède par exemple). Dans certains pays, il existe un examen de fin d'études secondaires, mais soit régional soit même interne au lycée, et à ce que je sache, aucun pays d'Europe n'est stigmatisé pour la nullité crasse de son enseignement secondaire. Les nombreux systèmes d'échanges internationaux d'étudiants et de lycéens entre établissements européens jouent sur l'évidence que tous nos beaux pays sont à peu près au même niveau. Or, c'était bien là un des pseudo-motif des manifs. Il faut sortir un peu, les jeunes. Ils servent à quoi, vos tarifs réduits insolents à la SNCF !!??! (non non je ne suis pas jalouse (enfin un tout petit peu quand même)).
2 – Ensuite, il va toujours y en avoir pour vous sortir : « Ouiiiiiiiiiii, mais le Bac est un bon entraînement à la vie, car dans la vie, il y a toujours des examens à passer, et il faut savoir passer un examen, et tout ça tout ça patati patata ». Ceci est une erreur de débutant en CAP de psychologie option cours renforcés cause lacunes à l'admission : la fréquence des examens n'entraîne nullement à les mieux passer. Ceux qui parviennent à les cumuler, grimpant donc la hiérarchie éducative, ne le doivent pas à un quelconque entraînement, mais à une disposition qui a toujours été la leur depuis leur prime enfance, un « état d'esprit » qui comme tous les états d'esprit de l'enfant, doit partiellement à sa propre personnalité, et partiellement à celui que lui communique son entourage, au premier rang desquels les parents (et tout de suite après ses propres amis).
Contrairement au préjugé populaire archi-rabâché, pratiquer les compèts et les examens extra-scolaires en sport ou en musique, par exemple, ne fournit aucun avantage aux enfants par « entraînement aux examens ». Ceux qui y parviennent étaient dotés des capacités pour le faire dès le départ. Ça se voit bien à ceux qui ont du mal : toute leur jeunesse jusqu'à la fin de leurs études, ils passent leurs examens angoissés et diminués sans que ça change, sauf (peut-être) à la puberté, où là bien évidemment tout lien de causalité est brouillé (sauf dans l'esprit des parents bien entendu). Confiant dans leurs préjugés, les parents pensent pendant des années « heureusement qu'il fait du sport ou de la musique, qu'est-ce que ça serait sinon », et à la puberté « ça y est, l'entraînement aux examens, grâce au sport et à la musique, a enfin fait son effet » !! Enfin, même si les examens avaient ce pouvoir merveilleux que les parents leur accordent un peu facilement, le Bac n'est jamais qu'UN SEUL examen dans la vie d'un élève, et à ce titre ne pourrait à LUI SEUL se justifier d'aucun pouvoir « d'entraînement » (par définition de l'entraînement).
3 – Par ailleurs, il est notoire de rappeler que la plupart des universités et écoles d'enseignement supérieur (après le Bac) pratiquent le contrôle continu pour passer d'une année à l'autre, sans que personne n'y voit d'inconvénient, les étudiants étant bien au contraire les premiers à apprécier ce système, les fameux « partiels », qui rend justice à tous leurs efforts de l'année, et surtout aplanit les aléas d'un contrôle unique sans appel. Pourquoi donc cette pratique au petit niveau Bac devrait-elle sembler diabolique, alors qu'elle est acceptée aux niveaux Bac + 1, Bac + 2, Bac + 3, Bac + 4 et Bac + 5 ??? Quant à la thèse de Doctorat, le plus haut diplôme délivré en France, elle ne comporte plus aucun examen, mais est UNIQUEMENT un contrôle continu ! Passer de Terminale à la première année de fac est-il réellement un sujet plus propice aux mouvements sociaux que de passer de première à deuxième année de fac, ou de deuxième à troisième, etc ? Allons, un peu de sérieux.
4 – Enfin, les concours eux-mêmes, ce modèle s'il en est de l'épreuve sans appel, se transforment insensiblement en contrôle continu quand on monte dans la hiérarchie. Dès le niveau Bac + 2, le coefficient de l'entretien rattrape celui de la feuille, et dans la recherche, les « concours » de chercheurs et d'ingénieur de recherche ne portent plus QUE sur les dossiers des candidats, où sont dûment détaillées les activités des dernières années, la définition même du contrôle continu par excellence.
Pour résumer, il n'y a aucune utilité déterminante à maintenir en France cette curieuse institution de la Troisième République qu'est l'examen du Bac, sachant que plusieurs pays européens du même niveau que nous s'en passent excellemment bien. Quant à le maintenir malgré tout, par un entêtement qui relève de la Conservation du Patrimoine, il serait bon de se fier aux calculs statistiques qui prouvent indéniablement qu'y ajouter une pondération des résultats de l'année en adoucirait un peu l'arbitraire irréductible pour la grande majorité des élèves, et augmenterait donc le taux de réussite. Une mesure nationale peut-elle avoir d'autre fondement que la statistique nationale ? En outre, contrairement aux préjugés des gens peu informés des réalités de l'enseignement, passer un examen sans appel supplémentaire ne sert à rien, car justement cette pondération du contrôle continu ne cesse d'augmenter avec le niveau des études, pour se terminer en loi au niveau docteur ou ingénieur, où seul le contrôle continu reste demandé.
Enfin, le terrain psychologique, lui, est totalement neutre. Il y aura toujours des gens stressés aux examens (sans même parler des concours) et un de plus ou de moins ne changera ni la progression de leurs études, ni celle de leur carrière. L'état d'esprit face aux examens ne peut être modifié par l'entraînement, car il traduit un état d'esprit tout à fait global, la personnalité de l'enfant ou de l'adolescent, qu'il doit en grande partie à la vision de la vie que lui transmettent ses parents, et pas à des compétences cognitives.
Il est très bon de manifester. Quelqu'un invoquait récemment le « devoir de révolte », avec raison. Si personne ne s'était jamais révolté depuis des siècles, on aurait encore des castes, des nobles et des roturiers. Si personne ne se révoltait plus jamais, la société stagnerait dans son état actuel, voire régresserait. Toutefois, quand la révolte devient une mode, une coutume à observer tous les ans à date fixe, grosso modo avec Noël et les soldes, l'objet de la révolte a toutes les chances de tomber à l'eau. La plupart du temps, ces « révoltes » planifiées tous les ans jettent leur dévolu sur des mesures gouvernementales sans importance, mais quelque fois, n'ayant absolument rien à se mettre sous la dent à la date prévue, elles se jettent sur la dernière mesure sortie, même si en fait elle est bonne et juste, en plus d'être insignifiante. Par ailleurs, à l'époque où la grève a été inventée, bien avant que le « droit de grève » soit validé, les manifestations populaires s'exerçaient aussi bien pour critiquer que pour LOUER le gouvernement. Qui d'entre nous se souvient des liesses populaires déferlantes qui agitaient les masses autant que les insatisfactions, des grands mouvements nationaux où la foule ACCLAMAIT quelque chose ? Mariages et naissances chez nos dirigeants, rétablissement de maladie, retours au pouvoir, retours d'exil, avancées sociales… Pour peu qu'elles tomberaient dans les dates critiques, il semble que même les mesures du Front Populaire en 1936 soulèveraient aussi de nos jours les masses… mais pour être coulées !
Le « devoir de révolte » ne peut devenir une routine. Il faut l'exercer avec discernement, en fonction non du calendrier mais des travaux effectifs du gouvernement. Il doit prendre acte des comparaisons géographiques, historiques et spécialisées qui doivent le fonder, et célébrer autant les bonnes mesures que critiquer les mauvaises. Bref il devrait être un travail « éclairé », mené par des responsables avertis, aucune caractéristiques qui le composent actuellement. Mais il n'y a pas vraiment lieu de s'inquiéter : puisqu'aujourd'hui le « mouvement social » est devenu une mode en soi, il changera, car toutes les modes changent.
PS : je précise s'il en est besoin que ce petit texte ne vise exclusivement que le Bac, et aucun autre aspect de la réforme qui a mis les lycéens dans la rue.

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