Série magique : 1883
1883, préquel de Yellowstone, est une courte série en 10 épisodes qui relate les aventures de la famille Dutton, à travers le grand ouest américain (vers l’Oregon, le Montana) alors qu’il est encore vierge de civilisation « blanche ».
1883 n’est pas un western au sens hollywoodien ou spaghettien du terme. Cette très belle série narre les péripéties des pionniers qui ont façonné l’Amérique, traversant avec peu de moyens des territoires hostiles. Ici, quelques années après la guerre de sécession et alors que les accords avec les indiens – sur leur propre territoire – étaient brumeux ; on connaît la suite.
1883 sait être brutale. Elle évoque la mort et la violence de l’époque. Elle sait aussi être douce en parlant d’amour et de différence, comme de la fascination de ces pioneers pour cette nature admirablement filmée. Son approche souvent contemplative aborde des concepts philosophiques et poétiques, soutenus par la voix-off d’Elsa Dutton.
Tous fuient la pauvreté et croient au rêve américain. On y trouve d’anciens militaires, des allemands, des gitans, des texans… et puis des bandits, des indiens, des cowboys (au sens premier du terme « gardien de vache »).
J’ai écrit que ce n’était pas totalement un western mais, bien sûr, l’auteur de la série s’est inspiré des grands films du genre.
Le premier épisode est saisissant : nous annonce-t-il déjà la fin ?!
Quoi qu’il en soit les dialogues sont soignés – certains pourront trouver ça verbeux – et la réalisation maîtrisée. Tout est filmé en extérieur et ça crève l’écran ! On baigne dans la lumière naturelle ou la pénombre des scènes nocturnes, parfois à peine éclairées. Quelques odeurs viennent presque nous titiller les narines.
Si le scénario n’est pas le plus original l’histoire se tient, le rythme est soutenu. Certes il y a des longueurs, tous les épisodes ne se valent pas, mais le cheminement comme la finalité en valent la chandelle.
La relation entre la jeune fille et ses deux parents est belle ; on les envie, du moins au début. J’ai été très touché par la candeur d’Elsa qui naît ado et se mue, au fil des écueils, en une adulte presque mûre. Un parcours initiatique au milieu de la quête quasi impossible de ces « futurs fermiers ».
Enfin, les personnages qui l’entourent sont tous intéressants, portés par une distribution soignée. Mention spéciale à la bande son (j’aime beaucoup le thème principal) et bien évidemment à la photographie envoutante.